Droit pénal/Violences conjugales/Infractions/Condamnation
Le titre de l’article est volontairement provocateur.
La femme est souvent vue en tant que mère de famille, symbole de pureté, de douceur.
Notre société n’envisage d’ailleurs bien souvent la question de la violence que pour des auteurs masculins.
Lorsque l’on parcourt les sites, y compris gouvernementaux relatifs aux violences conjugales il est toujours présenté la victime comme étant une femme, jamais comme étant un homme.
Pourquoi un tel sexisme ? Les femmes ne seraient-elles alors jamais auteur de quelconques violences ? Les violences faites aux hommes seraient-elles légitimes ?
Même si la grande majorité des auteurs d’infractions sont des hommes, il n’en demeure pas moins que mon expérience professionnelle m’a conduit à défendre des femmes auteurs de violences, ou d’autres infractions.
Qu’est ce qui explique alors que l’on passe autant sous silence la question de la violence féminine ? N’y a-t-il jamais de violence conjugale commise par des femmes ?
Alors que les journaux regorgent de grands titres sur les femmes battues, et les condamnations d’hommes bourreaux, il est rare de voir les mêmes articles avec des femmes auteurs.
Pourtant, il s’agit d’une réalité sociétale, la violence n’a pas de sexe.
La violence féminine existe, a toujours existé et n’est pas du tout exceptionnelle.
Les chiffres officiels font état s’agissant des violences conjugales de 86% de violences commises par des hommes et donc 14 % commises par des femmes.
Ces chiffres sont toutefois très éloignés des réalités pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la violence féminine reste un véritable tabou dans notre société.
Les hommes hésitent à déposer plainte et leurs plaintes sont souvent prises avec peu de considération.
L’idée qui prévaut est toujours que l’homme a plus de force qu’une femme et est en mesure de se défendre.
Cette idée est totalement erronée puisque le rapport de force fait au contraire que la riposte sera souvent considérée en tant que telle comme une violence illégitime plutôt qu’une légitime défense.
La violence commise par les femmes est par ailleurs généralement pluri formes et ne se limite nullement à des violences physiques.
Il s’agit bien plus d’un phénomène de possession, d’emprise sur l’homme avec une violence psychologique régulière (mépris du compagnon, rabaissement continuel…) couplée à des gestes violents qui peuvent paraître anodins ou sans grande conséquence en tous les cas (giffle, coup à l’épaule, jet d’objets au visage…), outre des cris, hurlements, insultes…
Il convient de considérer que ce n’est pas la violence du coup qui pose difficulté, mais l’existence même de celui-ci et aussi et surtout l’incapacité de l’auteur des coups à considérer la gravité de ce qu’il a commis.
Bien évidemment, les coups des femmes entrainent souvent des ITT faibles voir inexistantes mais l’absence de considération d’une qualité de victime aux hommes pose en elle-même un grave souci.
En ne reconnaissant pas cette qualité à l’homme, la société en vient à légitimer les violences commises à son encontre et consacre l’impunité d’un acte pourtant constitutif d’une infraction grave.
Il convient de rappeler sur ce point que le code pénal ne procède à aucun sexisme.
Les violences conjugales sont en théorie reconnues et punies de la même façon qu’il s’agisse d’auteurs hommes ou femmes.
Dans les faits, les enquêtes pénales ne sont pas diligentées de la même manière et on met bien plus souvent en doute la parole masculine que féminine comme si la femme, idéalisée en tant qu’ange, ne pourrait pas avoir un autre visage bien moins enchanteur.
Il apparait aussi que la violence de notre société augmente années après années et cela concerne tous les sexes.
Les femmes sont de plus en plus violentes et hésitent beaucoup moins à commettre des actes de violence sur leurs compagnons ou conjoints.
Il n’est pas inintéressant de noter qu’en Suisse, les chiffres officiels relatifs aux violences conjugales portent les femmes à hauteur de 33% des auteurs.
On peut donc suspecter que dans ce pays la question de la violence des femmes est moins taboue qu’en France ce qui a deux conséquences : les plaintes des hommes sont plus nombreuses et plus représentatives de la réalité des violences commises, ces plaintes sont mieux considérées et donc instruites et aboutissent alors à plus de poursuites.
Ceci amène à s’interroger sur la réalité des violences commises par les femmes dans le couple.
En définitive, on pourrait même considérer que peut être les auteurs de violence conjugales sont autant des hommes que des femmes.
Quoi qu’il en soit ne pas poursuivre revient à légitimer les actions.
Il serait utile qu’à la fois les pouvoirs publics, les acteurs de la justice et les associations de défense des victimes de violence se mobilisent et consacrent la défense de toutes les victimes de violence comme une véritable cause afin que les mentalités de chacun évoluent.
Cette évolution aurait aussi pour effet de permettre aux femmes violentes de mieux prendre conscience de la gravité de leur comportement.
Il convient de rappeler sur ce point que la difficulté des violences conjugales est cette absence de prise de considération et un risque très fort de réitération.
Prendre conscience de l’existence de l’infraction c’est donc aussi protéger pour l’avenir.
Cessons le sexisme, condamnons toutes les violences et protégeons les victimes.